Le confinement pour les cyclosportifs Français !
Dans ce second volet consacré aux répercussions du Covid-19 dans le monde du cyclosport, nous vous proposons un tour d'horizon du côté des pratiquants. Pour cela, nous avons questionné quatre teams cyclosportifs français : Team Vercors, Chadam Cycling Team, Granfondo France et Santini-Time Nimes Cyclisme.
Les amoureux de vélo, de nature et d'espace attendent avec impatience un retour à la normale pour repartir enchainer les kilomètres sur les routes. À la sortie de l'hiver, les premières épreuves avaient débutées, les coureurs étaient prêts à épingler les dossards, mais le Covid-19 en aura voulu autrement.
Depuis le 8 Mars dernier, la saison cycliste est à l'arrêt. La France est confinée, avec une pratique sportive très limitée voire même impossible selon les pratiques. Les épreuves cyclosportives, représentent des pelotons conséquents allant de 500 à plusieurs milliers de participants. Ce sont ces épreuves dîtes de masse qui risquent de reprendre en dernier lieu.
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Voilà maintenant plus d'un mois que les cyclistes usent les home-trainers en espérant pouvoir retourner en extérieur au plus tôt. Et ce ne sont pas les conditions météo digne d'un début d'été qui vont atténuer ce manque.
Nous avons souhaité donner la parole à quelques pratiquants pour avoir leur ressenti et connaître les répercussions du coronavirus sur leur pratique.
Quel regard porter sur la période traversée ?
Présent dans le paysage du cyclosport depuis plusieurs années et membre du Team Vercors, Jean-Luc Chavanon se confie sur ces moments.
« Le confinement s’impose à tous, cyclistes ou non. La pratique sportive du vélo étant une activité à risque, il était nécessaire de l’arrêter complètement pour aider le personnel soignant en évitant les déplacements et les accidents. Je comprends la déception de laisser filer une condition physique si durement entretenue cet hiver, au besoin d’espace et de liberté mais au regard de la gravité de la pandémie c’est un peu dérisoire non ? C’est une simple parenthèse comme beaucoup l’ont connu pour une blessure ou pour raisons familiales ».
Une vision partagée par Damien Chaillan, responsable de Chadam Cycling Team. « Depuis plus d'un mois notre pays traverse une phase difficile. Dans la situation actuelle il faut faire passer nos envies d'évasion et de kilomètres à vélo au second plan, la situation l'exige. »
Une gestion particulière
Garder un équilibre pendant cette période de confinement est primordial, tant pour le moral que pour conserver sa capacité physique obtenue cet hiver. Les home-trainers se sont retrouvés pris d'assaut dès le début du confinement, certains optent pour des séances running dans le périmètre autorisé, ou d'autres activités à la maison comme de la gym.
Du côté du team Santini-Time Nimes Cyclisme, les entrainements sont peu habituels pour cette période de l'année. « Une grosse partie de l'équipe pratique le home-trainer avec la découverte pour certains des fonctions connectées qui permettent réellement de pouvoir allonger le temps d'entrainement. Nous en profitons également pour remettre en route le renforcement musculaire que nous pratiquions durant l'hiver » assure Jérome Hannoye.
Membre du team Granfondo France, Cédric Dubois arrive à boucler quelques kilomètres en vélotaf. « Aujourd'hui on peut oublier le terme d'entrainement, on parlera d'avantage d'occupation ou de maintien en forme dans le sens où c'est impossible de concevoir des entraînements à proprement parlé et puis l'avenir sportif est très incertain.
Le but est de ne pas se "desathlétiser" en attendant le déconfinement. Je me rends à vélo au travail, ce qui représente 4 à 6 heures de vélo hebdomadaire. Les jours où je ne travaille pas je fais soit 1h de trail soit 1h de vélo : je fais 7 ou 8 fois 2 km en montée ( j'habite à flanc de colline ) tout en restant dans le périmètre autorisé. J'essaie de faire des exercices type gainage mais j'ai peu de volonté pour tout ce qui est statique ! »
A consulter : La préparation physique générale du cycliste
Une période pendant laquelle il a également fallu s'adapter du côté de Chadam Cycling Team. « Au début du confinement, certains coureurs du team n’étaient pas équipés en home-trainer. Chacun a très vite pu disposer du matériel nécessaire pour maintenir une activité malgré les ruptures de stock.
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Au sein du team les coureurs optent plutôt pour des entrainements quotidiens de 45mn à 1h30. Les séances plus longues sont rares car c'est assez éprouvant comme pratique. L'objectif est de perdre le moins possible de niveau pendant cette période. »
Ne pas en faire trop
Le home-trainer est une pratique qui demande beaucoup au corps. Pédaler sur place et très souvent en intérieur n'offre pas une ventilation suffisante et provoque une forte sudation. De plus les plateformes virtuelles occasionnent de belles parties de manivelles et des séances intenses.
Comme l'indique Jean-Luc Chavanon il faut veiller à ne pas en faire trop. « Au début du confinement beaucoup ont voulu s’entrainer avec rigueur et espérer reproduire les efforts que l’on peut faire en compétition ou même en extérieur, mais ça va être difficile sur la durée, surtout mentalement. Au fur et à mesure du prolongement on voit les épreuves annulées ou reportées sans aucune certitude de pouvoir mettre un dossard.
Alors à défaut de s’entrainer, il faudra peut-être accepter l’idée de rester en bonne santé et de simplement s’entretenir en attendant de retrouver nos cols et les grands espaces et de reporter nos objectifs à l’année prochaine. »
Une saison 2020 incertaine
A l'heure actuelle, les prochaines épreuves sont programmées pour Aout. Rêve ou réalité, seul l'avenir nous le dira. Du côté des pratiquants on ose espérer pouvoir accrocher un dossard cette saison.
« Entre les annulations et les reports, quoi qu'il en soit la saison 2020 aura un sentiment d'inachevé. J'ai pour ma part des doutes sur la possible reprise d'évènements de masse avant fin 2020, mais j'espère me tromper ! Si la situation sanitaire le permet, toute la saison va se concentrer sur deux ou trois mois maximum. Il faudra faire des choix entre tel ou tel événement, nous ne pourrons pas en faire autant que prévu, c'est dommage. » témoigne Damien Chaillan.
Cédric Dubois, évoque également une saison en demie-teinte. « Psychologiquement j'ai fait une croix sur la saison en terme de performance. Après je me doute bien que des épreuves auront lieu mais elles n'auront pas la même saveur. J'espère que les organisateurs ne vont pas se précipiter non plus pour des impératifs économiques même si c'est compréhensible. »
« Au nom de toute l'équipe, je peux me permettre de dire qu'effectivement nous espérons accrocher un dossard cette saison, même si pour le Trophée Label d'Or, classement sur une quinzaine d'épreuves, nous ne nous faisons pas d'illusions. Mais sinon, nous espérons pour nous, mais également pour les organisateurs, porter les couleurs de notre Team. À ce jour nous serions déjà bien contents de sortir sur la route et pouvoir partager des moments finalement trop rares... » assure Jérôme Hannoye, pour le team Santini-Time Nimes Cyclisme.
Avec de belles épreuves cochées sur le calendrier en début de saison, Jean-Luc Chavanon espère lui aussi que la saison reprendra son cours. « Cette année j’avais prévu de disputer de belles épreuves montagneuses comme La marmotte Granfondo Alpes ou la Quebranthahuesos qui se sont déplacées en fin de saison.Si elles sont maintenues et même si mon entrainement ne me permet pas d’être à 100% de ma condition physique, je pendrai le départ avec comme seule ambition de me faire plaisir, en laissant de côté l’aspect performance. »