Le gravel de Phil - Episode 1
Dans l’industrie du vélo, dans la presse spécialisée, sur les forums… on en parle depuis plusieurs mois ; le gravel bike. Un vélo au rendement le plus proche possible d’un cyclosportif pour s’aventurer hors des routes, pour rouler sur les pistes, sur les chemins, loin et longtemps.
Chacun lorgnera -ou pas- sur le gravel bike ou vélo gravel avec des motivations propres, ou peut-être de la suspicion quant à une énième stratégie issue des départements marketing. Pourquoi créer une nouvelle niche à la croisée d’une multitude d’offres qui répondent déjà parfaitement aux différentes pratiques ?
C’est mon ami Greg Jean, patron de Caminobike, organisateur de séjours VTT, qui m’en a parlé le premier. En bon visionnaire qu’il est, il savait que cette approche aurait du succès et que cela me plairait de m’y mettre ; il m’a demandé de l’aider à explorer la faisabilité de nouveaux séjours. Je vous livre d’abord mes motivations à aller vers cette pratique. Je vous raconterai au fur et à mesure, par épisode, la découverte qui va s’en suivre. J’espère que parmi ceux qui se reconnaîtraient dans cette approche, certains se laisseront tenter pour un séjour gravel bike, avec un guide Caminobike, au cours duquel ces motivations trouveront justifications et épanouissement.
Dans les années 80 / 90, les premiers VTT, encore rarement dotés de suspensions et aux géométries proches des vélos déjà existants, nous promettaient d’aller plus loin hors-piste, là où nous avions déjà essayé de franchir quelques obstacles avec les vieux vélos de ville de nos grands parents, chaussés de pneus ballons, avec plus ou moins de succès si j’en juge à mes premiers points de suture.
Comme beaucoup d’entre nous, j’ai été radicalement VTTiste. Une approche par laquelle je ne rechignais pas à me lancer dans des montées longues et difficiles, à condition que la descente qui allait suivre le mérita, avec quelques sauts et virages rapides stimulant quelques décharges d’adrénaline. Mon but n’était pas d’acquérir du foncier, ce que je pensais être l’apanage du cyclosportif qui ‘bouffait les bornes’, uniquement pour ‘avoir la caisse’ puisque je n’entrevoyais pas d’autres intérêt à évoluer sur les routes, ignorant ce que j’étais.
Je cherchais dans ma pratique du vélo ses facettes les plus ludiques. Même lorsque je me déplaçais en ville je cherchais à jouer ; saut de marches, plan incliné, enchaînement de passages délicats à grande vitesse. Vers 1996, alors coursier à Berlin, j’avais un VTT rigide monté en pneus slick, classique compromis robustesse / rendement.
Au fur et à mesure que le VTT évoluait vers l’outil incroyablement efficace qu’il est devenu aujourd’hui, pour exceller en franchissement, notamment pour les pratiques en montagne, il perdait, logiquement, de son efficacité dans le roulant. Donc, en 2001, installé en Provence dans des contrées à forts reliefs et ayant petit à petit opté pour du matériel correspondant à une pratique qualifiée aujourd’hui de ‘all-mountain’, voir ‘enduro’, j’ai complètement tourné le dos aux plaisirs du très roulant et de l’utilisation en ville.
Jusqu’à ce que, par le hasard d’une rencontre professionnelle à l’été 2006, je m’ouvre aux sensations du vélo de route sur les petites routes des Monts de Vaucluse, autour et sur le Mont Ventoux.
Lire notre dossier : Le Mont Ventoux à vélo
Et je constate aujourd’hui que je ne pourrais plus me passer d’un vélo fait pour être rapide sur revêtement roulant. C’est même le vélo que je sors le plus facilement lorsque je pars seul. Je ne suis pas pour autant ‘un routier’ et je ne me reconnais pas dans la pratique cyclosportive telle qu’on l’observe en général. Je n’y trouve pas assez de fun ! Certes je me lance le défi de quelques cols mythiques, je jette un œil aux étapes de montagne du Tour… mais, même si je préfère rouler entre copains que seul, je ne me suis jamais inscrit à quoi que ce soit pour rouler en peloton.
Je fuis les routes où se concentre le trafic ! Et les tenues bariolées de logos de supermarchés ou d’assurances ne peuvent pas finir sur mon dos, c’est épidermique. D’ailleurs, il faudra que je consacre un épisode au sujet des vêtements et de l’équipement pour le gravel bike.
Dossier : Vélo Gravel ou Gravel bike : C'est quoi donc ?
Enfin bref, j’aime tenir de bonnes cadences, fendre le bon air et la tranquillité de nos petites routes d’arrière-pays et c’est à ce titre que le gravel bike me concerne car il me permet de continuer mon périple lorsque la dite petite route devient chemin vicinal, puis piste forestière et même sentier. Le gravel bike démultiplie le réseau routier, ouvrant des liaisons jusqu’ici impraticable en vélo de route aux roues trop fragiles.
L’image que j’ai du gravelbike, déjà assez répandu au Royaume-Uni, est celle d’une pratique de gentleman farmer, avec des codes et une certaine volonté de sublimer le fait de juste ‘faire du vélo’. J’idéalise sûrement, en tout cas cet état d’esprit me plait.
A suivre, ...