Le gravel de Phil - Episode 3
Les aventures de Phil qui s'initie progressivement à la pratique du vélo Gravel ou Gravel bike. Voyons ici l’arrivée de Phil sur le premier rassemblement entre potes.
Dans le précédent épisode, nous avions abordé le choix de mon matériel pour la pratique Gravel.
Lire le second épisode du Gravel de Fil
Une des motivations pour acheter le vélo sans tarder était un rendez-vous fixé au dimanche 8 mars par Fred Glo, le patron de Tribe sport group et organisateur des Enduro Series. Il avait fomenté un rassemblement de gravelbike officieux, en préambule à l’inauguration de ses nouveaux locaux à Cogolin, le lendemain.
Dossier : Vélo Gravel ou Gravel bike : C'est quoi donc ?
L’homme est pince-sans-rire ; il avait baptisé cette petite fête entre amis ‘la sale journée’ et les heureux élus à ces conviviales retrouvailles reçurent un message comprenant, par exemple, ce type de mentions : « C’est pas une course mais une arsouille. En gros si tu traînes tu passeras vraiment pour un tocard, mais pas autant que si tu refuses l’invitation » ! Et puis d’annoncer les forces en présence : les pilotes Cécile Ravanel, Fabien Barel, Florian Nicolai, Cédric Ravanel… ainsi que la fine fleur des journalistes de la presse spécialisée VTT… Le ton était donné !
Dossier : Les spécificités d'un vélo gravel
Une boucle de 100 kms de chemins, de pistes et de routes défoncées pour 2000 mètres de dénivelée positive à travers le massif des Maures, sur les hauteurs du Golfe de Saint Tropez.
48 heures avant le départ, nous recevons la trace GPS. Ce sera notre seul balisage… Je la charge dans mon smartphone, que je prévois d’avoir dans la poche, ne disposant pas d’un support pour tenir l’appareil sur la potence. Ne comptant pas rouler seul, je pense que mes camarades seront mieux équipés que moi et que je n’aurai pas à dégainer mon portable à chaque croisement de piste. Connaissant les limites de la batterie de mon appareil, j’assure mes arrières par l’achat d’une carte IGN sur laquelle je reporte la trace. A la lecture de la carte il apparait qu'il y aura 3 longues montées principales à gérer.
Nous sommes une petite trentaine à nous retrouver, donc, ce matin-là. Il fait frais, limite froid. Le ciel est clair, c’est déjà ça de gagné ; l’invitation de Fred prévenait « S’il fait beau ce sera dur, s’il pleut ce sera horrible ! » Sincèrement, je suis anxieux. Je ne me sens pas prêt, je n’ai pas roulé de l’hiver. Loin de l’idée de suivre la cadence des champions, j’aimerai déjà boucler le parcours. Il n’y aura pas de ravito. J’ai préparé boissons et alimentation au mieux.
La trentaine de pilote s’élance et le groupe s’étire dans le premier kilomètre qui précède la première longue montée. En débouchant sur les crêtes surplombant St Tropez, 20 kilomètres plus tard, les écarts se sont déjà creusés. J’ai accroché le groupe de 4 poursuivants dont fait partie Fred. C’est une chance car c’est lui qui a tracé le parcours, il suffit de le suivre. L’allure est rapide et c’est vraiment ludique ! Nous suivons des pistes sur plusieurs kilomètres, puis plongeon d’un coup dans le maquis, sur un sentier en pif-paf, puis enchaînons par des traversées de ruines avant de franchir un gué de rivière à pied et de remonter sur une piste DFCI… et ainsi de suite. C’est génial !
Mais le rythme est légèrement trop intense pour moi. Je ne veux pas cramer mes cartouches, je fini par les laisser filer dans la deuxième longue montée, un peu avant la mi-parcours. Et je ralenti franchement. Personne ne me rattrape dans l’immédiat et j’ai l’impression d’être égaré. On allait très vite ! Finalement, quelques gars apparaissent. Je les laisse passer et attend mon ami Sylvain Ruelle, mécano de l’équipe de France de DH et membre de Génération MTB, avec qui nous irons au bout du challenge, solidaires dans la souffrance. Les descentes sont autant piégeuses que les montées sont dures, il faut garder l’esprit vif en permanence. Il faut piloter, ce n'est pas du cyclotourisme. A l’arrivée nous apprendrons que beaucoup ont abandonné. On nous félicite d’avoir été jusqu’au bout.
La distance à couvrir sur un tel terrain accidenté est importante pour des cyclistes sans entraînements, mais notre expérience de VTTistes nous permet de prendre du plaisir et d’adhérer au concept. 1 boucle de 100 kilomètres de cyclocross sur un terrain sec et acéré ; ce n’est probablement pas ainsi que les américains pratiquent le gravelbike. Certains participants seront déçus du parcours, ce jour-là. Je peux me mettre à leur place et comprendre mais j'ai vraiment aimé.
Nous nous sommes sacrément fait secouer. Il faut bien le dire, ça ressemblait assez aux sensations du VTT de la fin des années 80, sans suspensions.
Bilan technique : pas de crevaisons, pas de casse ! Le vélo est une machine à dévorer les pistes sans faillir et il est maniable à souhait !
Bilan humain : je manquais de foncier pour suivre une bonne cadence. C’est dommage parce que j’avais une bonne monture. A refaire !