Ventouses : un remède millénaire au service de la douleur du cycliste
La douleur : à chacun sa pratique, à chacun sa méthode...comment l'aborder ? Kikham Choummanivong, élève naturopathe (3ème année), sportif touche à tout (archer, roller, cyclisme, marathon, triathlon), nous parle de la méthode ancestrale et spectaculaire des ventouses. Cette méthode qui l'a conquis à titre personnel et dont il souhaite faire profiter le plus grand nombre dans sa pratique future.
Le cyclisme : un sport traumatisant pour le système musculo-squelettique
Il est vrai que dans le cyclisme, la répétition des gestes, les contraintes mécaniques au niveau des membres inférieurs, les contractions musculaires soudaines et violentes, les heures de selle pour trouver la posture idéale, adéquate, constituent une charge traumatisante pour le système musculo-squelettique et génératrice de déchets organiques (toxines).
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Une stratégie de récupération complète intervient sur tous les fronts : la nutrition, le repos, le sommeil, l'action mécanique….La vraie douleur peut apparaître si l'intensité de l'effort a été disproportionnée par rapport aux capacités des groupes musculo-squelettiques ou si la récupération a été trop négligée pendant une longue période.
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Les ventouses : une approche naturelle et non invasive contre la douleur
Il existe de nombreuses approches pour aborder la douleur. L'application des ventouses est une orientation bien connue de nos parents pour le traitement des congestions pulmonaires. Remise au goût du jour par de nombreux praticiens aujourd'hui (kinésithérapeutes, ostéopathes, naturopathes…), elle a fait ses preuves également dans la prise en charge des maux des sportifs.
Issue de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), la méthode consiste en l'application de « ventouses » sur les secteurs douloureux (muscles et tendons). Le praticien s'appuie sur les caractéristiques fonctionnelles de la peau (perméabilité et porosité) pour améliorer l'élimination des toxines. Le procédé, en phase avec l'approche médicale chinoise, stimule également les points réflexes des méridiens pour améliorer le traitement de la douleur.
Cette pratique doit se faire par un professionnel formé (kinésithérapeute, ostéopathe, naturopathe). Un des risques majeurs est certainement la brûlure, si la technique n'est pas maîtrisée. Enfin l'aspiration des ventouses peut provoquer des marques qui disparaissent au bout de quelques jours.
Un bref historique : des corniculas aux « petits pots de yaourts »
Les ventouses ont été d'une utilisation courante à travers les âges et continents, de génération en génération, puis oubliées avec le temps, remplacées par la médecine moderne. Les corniculas désignaient les premières ventouses en corne d'animaux, retrouvées en Asie dans la dynastie des Qing (1644-1912). En Indonésie on les retrouve sous le nom de kérikan ou kérok. En Arabie sous le nom de « hijama » venant du mot « hajm » qui signifie « aspirer, inspirer, extraire ». Et bien sûr chez nos grands-parents, pour les problèmes pulmonaires, avec les fameux « pots de yaourts ».
Très peu de matériel
La méthode des ventouses ne nécessite que très peu de matériel. Le praticien se procure des ventouses en verre dans les magasins spécialisés (on en trouve aussi en parfait état dans les brocantes ou les vide-greniers). Les autres ustensiles sont une compresse en coton, une pince à clamper métallique, une paire de ciseaux, de l'alcool à 90°, un briquet et une huile de massage. La technique s'opère traditionnellement « à chaud », même s'il existe également des ventouses « à froid », ne nécessitant pas l'emploi d'une flamme, réservées pour les massages notamment sur le dos et les grandes surfaces du corps.
La technique dans le détail
Le praticien coupe la compresse en petit morceau, la maintien avec la pince à clamper et l'imbibe d'alcool puis l'allume avec le briquet. Il introduit la flamme dans la ventouse qui va consumer l'air à l'intérieur créant ainsi le vide. La ventouse « sous vide » est immédiatement appliquée sur la zone de la peau à traiter. La durée d'action est en moyenne de 5 minutes et rarement au delà.
L'explication du mécanisme
Grâce à sa perméabilité et sa porosité, la peau possède une fonction d'élimination par excrétion de la sueur et du sébum, par l'intermédiaire des glandes sudoripares et sébacées. Les ventouses chauffées vont exercer un effet d'aspiration du milieu interne de l'organisme vers le milieu externe. Une rougeur délimitée de la peau correspond au diamètre de la ventouse. L'action des ventouses découle de cet effet d'aspiration, qualifié de faible, moyen ou fort. Il permet de déclencher un effet circulatoire, de faire lâcher un spasme, de décongestionner un muscle (contracture..), de déclencher un effet réflexe, de mettre en mouvement une stase…Autant d'applications qui contribueront à soulager la musculature endolorie du cycliste.
Nous rappelons que cette technique doit être réservée à des praticiens formés !