Gilles Lapierre (PDG Cycles Lapierre
Gilles Lapierre est le PDG des cycles Lapierre qui sponsorisent depuis de nombreuses années l'équipe pro de Marc Madiot.
Est-ce que le cyclosportif « lambda » peut acheter strictement le même vélo que celui utilisé par les professionnels de l’équipe FDJ ?
Je ne sais pas vraiment ce qui se passe chez la concurrence mais chez Lapierre, les vélos qu’utilisent les pros sont disponibles dans un programme (sur Internet) appelé Web Series, c'est-à-dire du montage à la carte.
>> Actualité : Nouveau configurateur Lapierre WSeries !
Esthétiquement, vous pouvez trouver des « Replica » qui ne sont pas forcément les mêmes mais dans notre programme de montage à la carte c’est exactement les mêmes que les coureurs.
>> Test : Lapierre Xelius 900 pour la compétition
Vous attaquez votre 11ème année de partenariat avec l’équipe de la FDJ, selon vous qu’est ce qui explique cette longévité alors que l’on voit chez d’autres équipes que c’est un peu la valse des équipements au gré des années ?
Je pense que la question serait aussi à poser à Marc Madiot. Je vais cependant donner ma version tout en sachant qu’elle rejoint la sienne. Marc Madiot est véritablement un personnage mais c’est aussi quelqu’un de droit, une personne de parole qui cherche à s’inscrire dans la durée. Et à partir du moment où les rapports humains sont excellents – ce qui est le cas –, si techniquement il n’y a pas de problèmes, que les progrès se font ensemble et que l’on se serre les coudes dans les bons comme dans les mauvais moments (des questions peuvent parfois légitimement se poser par rapport aux autres marques) je dirais que vous avez toutes les raisons de cette durée. 11 ans, ce n’est pas banal et je crois en effet que cela mérite d’être souligné.
Finalement, j’estime que ce partenariat est avant tout une histoire d’hommes. Regardez aussi le président de la Française des Jeux. Un président qui a un mandat renouvelé depuis déjà 2 fois ce n’est pas non plus banal et indique une grande stabilité. On s’inscrit donc au niveau des sponsors et de l’encadrement dans le cadre d’une famille car nous nous connaissons tous par cœur.
Vous évoquiez l’évolution du matériel et certains doutes. Comment peuvent évoluer les cadres que vous produisez, y compris au cours de la saison, au niveau des fibres ou de la géométrie ? Ainsi, vous arrive-t-il d’apporter des modifications importantes, comme par exemple au moment du Tour où les coureurs espèrent le meilleur matériel possible ?
Nous sommes toujours en quête d’amélioration. Celle-ci vient davantage du fait que nous maîtrisons absolument tout au niveau des fibres et des résultats escomptés. Nous discutons beaucoup avec les coureurs et avec l’encadrement. Par rapport au type d’utilisateurs du vélo, vous aurez par exemple des sprinteurs qui vont souhaiter des vélos beaucoup plus rigides que des coureurs qui visent des courses par étapes.
Donc ce n’est pas toujours évident de faire des vélos « pour tous » -dans ces conditions. Par rapport à la gamme « standard » pour les pros, nous proposons des vélos légèrement différents pour les sprinteurs (5% à peine des pros que nous équipons) et ce matériel là n’est pas disponible dans le commerce.
Cette évolution du matériel permet-elle de dire que les vélos de 2012 n’ont rien à voir avec ceux de 2001 quand vous avez commencé votre partenariat avec la Française des Jeux ?
Il faut déjà savoir qu’à l’époque nous avions des vélos en aluminium ou plutôt en aluminium dans lequel nous ajoutions du scandium (2%). Nous étions les seuls à le faire pour les pros et les poids étaient très bas pour l’époque, à peine au dessus du kilogramme. Chez les pros nous étions donc les seuls à proposer ce matériau avec un tel rendement, et déjà avec cette structure de cadre qui pouvait convenir indifféremment au sprinteurs, aux pistards ou aux grimpeurs.
>> Dossier : 4 matériaux utilisés pour les cadres de vélo
Cependant il est vrai que c’est le poids qui a le plus évolué sur nos cadres, passant de 1050 g à 850 g environ. Sans compter le fait que l’on peut appliquer aux différentes zones du cadre toutes les caractéristiques attendues en termes de souplesse verticale relative, rigidité à tel ou tel endroit (boîtier, bases, tubes de selle). Tout est sous contrôle, ce qui n’était pas tout à fait le cas il y a 10 ans.
Avec un tel degré de sophistication, pensez-vous qu’il reste encore de la place pour l’amélioration ?
Les évolutions dépendront principalement de la flexibilité donnée par l’UCI. Par rapport au poids, aux géométries et à un cahier des charges extrêmement rigide qui remonte à de longues années. Il y aurait un certain nombre de changements à opérer et mes collègues et néanmoins concurrents pensent la même chose.
Mais nous évoluons dans ce cahier des charges tellement strict – d’ailleurs accessible sur le site Web de l’UCI – que la marge de manœuvre est faible. Par exemple, il n’est absolument pas possible de changer les formes. Je ne pas dévoiler ici les quelques idées que nous avons mais effectivement nous sommes bridés par ce point.
En tant que constructeur, tentez-vous de vous grouper avec d’autres pour faire pression sur l’UCI afin de changer ce fameux cahier des charges ?
Il y a effectivement un contre pouvoir qui s’est mis en place depuis 2 ans et qui essaye de faire évoluer certaines règles. Mais le challenge est de taille.
>> Le site Lapierre
>> Le site de l'équipe cycliste la Française des jeux