Nicolas Vogondy cycliste de haut niveau
Nicolas Vogondy était en stage d'oxygénation à Autrans fin novembre avec toute l'équipe Agritubel. L'équipe nutri-cycles à interviewé le champion de France 2008 pour connaitre les secrets de sa préparation de début de saison. Préparation foncière importante pour un athlète qui se connait bien et qui travaille aux sensations. Rencontre avec un coureur cycliste qui compte déja 12 saisons chez les professionnels et deux titres de champion de France sur route.
Nutri-cycles : As-tu fais une coupure en intersaison ?
Oui après ma dernière course sur Paris-Tours le 12 octobre, a part une gentlemen, j’ai complètement coupé. La reprise de l’entrainement commence pour moi le 24 novembre après le stage de cohésion avec l'équipe Agritubel à Autrans du 17 au 22 novembre. Je ne souhaitais pas reprendre avant.
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Nutri-cycles : Est-ce un moyen de te vider la tête ?
Tout coureur s’accorde une pose variant entre un mois et un mois et demi. Cela permet de bien récupérer physiquement et mentalement pour la prochaine saison.
Nutri-cycles : Quel sera ton programme d’entrainement de reprise ?
A partir du 24 novembre, je vais essentiellement pratiquer du travail foncier "tranquille" en moyenne de 30 km/h jusqu’en mi-décembre en fonction des conditions climatiques. Cela s’effectue sur des distances de 100 à 130 kilomètres, environ trois à quatre heures de vélo. Il est important de bien refaire les bases. En complément, le week-end il m’arrive de participer à certaines épreuves de cyclo-cross qui me permettent de reprendre de l’intensité et de faire naturellement de l’intervale.
A partir de mi-décembre, je pratique des charges de travail plus conséquentes de 160 à 180 kilomètres.
En janvier nous aurons un stage avec Agritubel qui portera sur un entrainement plus spécifique dans les cols et sur un kilométrage plus important : environ cinq ou six heures de vélo par jour. Cette montée en puissance dure jusqu’en début février pour la première course : La Marseillaise.
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Nutri-cycles : Pratiques-tu un entrainement bi-quotidien, deux fois trois heures par exemple ?
Non, ou très rarement, je préfère effectuer mon entrainement quotidien d’une seule traite. Mais c’est juste une question de choix et d’habitude.
Nutri-cycles : Utilises-tu des outils électroniques pour assister ton entrainement : Cardio, SRM, Powertap ?
Je ne suis surement pas le bon exemple de ce coté la, je me connais bien et fonctionne essentiellement à la sensation. Cela est du aussi à l’expérience acquise au fil des années. J’ai un simple compteur de vitesse qui me suffit. Si je suis bien, je prolonge un peu l’entrainement en cas contraire je diminue. Encore une fois, c’est juste une question d’habitude et d’expérience.
Nutri-cycles : Es-tu coaché ?
Non je n’ai pas d’entraineur personnel. La prochaine année sera pour moi la treizième saison de course chez les professionnels. J’arrive maintenant à voir ce qu’il faut faire pour préparer un objectif et arriver au top sur les compétitions. L’équipe Agritubel est tout de même à disposition si besoin de quelques conseils, mais en général je fais tout moi-même.
Nutri-cycles : As-tu déjà fixé des objectifs en 2009 ?
Les objectifs, que ce soit pour moi ou pour l’équipe, ce sont les championnats de France et le Tour de France. L’équipe me demande surtout d’être présent sur la période de mai à juillet.
Nutri-cycles : Ton travail est-donc basé pour arriver en forme sur cette période ?
Si je peux faire des résultats avant, je le ferais. Mais il est évident que mes objectifs sont sur cette période. Dans l’équipe chacun des coursiers à des objectifs différents, certains visent les classiques Belges, d’autres les fin de saison.
Nutri-cycles : Après toutes ces années, as-tu encore du stress la vieille de compétition ?
Oui, il y a toujours un petit stress. Que ce soit le Championnat ou le Tour de France ou c’est le plus accentué. On connaît son niveau, mais quelques fois tu te réveilles le matin avec de moins bonnes sensations, tu te poses donc des questions. Au départ de la Marseillaise par exemple, tu sais que tu t’es bien entrainé depuis de longs mois, mais tu ne sais pas trop ton niveau par rapport au rythme course et aux autres.
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Nutri-cycles : Avoir le maillot de Champion de France ajoute une pression supplémentaire ?
Cette année lors du Tour de France, la joie et l’euphorie de porter le maillot l’ont emporté sur le stress. On se sent plus fort avec le maillot tricolore, même si dans les grosses épreuves de montagne la difficulté est omniprésente et te ramène vite à la réalité.
Nutri-cycles : On parle de pression et de mentale : Comment as-tu fais lors des cinq derniers kilomètres du championnat de France 2008 pour résister au groupe qui revient à trois secondes derrière toi sans te retourner ou te relever ?
Comment j’ai fais, je ne sais pas. Ca c’est aussi des petits signes du destin qui font que tu gagnes.
Nutri-cycles : Savais-tu qu’ils étaient si proches ?
Non je ne savais pas. Mon directeur sportif, Denis Leproux, qui me suivait depuis deux tours déjà, m’a informé que j’avais toujours 15 à 20 secondes d’avance, donc c’était peut-être un choix tactique de sa part pour m’éviter de paniquer. Il est clair que si je les avais su si proche, instinctivement on se retourne et on peut se démoraliser. Pour moi j’avais ce petit « matelas » de 20 secondes, je me suis donc concentré à dérouler à fond ma fin de course. Je n’avais de toute façon plus de choix, car si je me faisais rattraper je faisais cinquième ou sixième ayant tout donné, mes chances au sprint étaient maigres. Cela à joué en ma faveur, ce n’est pas toujours comme ça !
Nutri-cycles : Tu fais rêver beaucoup de "gamins" qui débutent le cyclisme. Quels sont les conseils que tu peux donner à un jeune qui veut persévérer dans ce sport ?
Il faut avant tout aimer le vélo et se faire plaisir. Passer par les écoles de cyclisme, mais aussi être assidu en parallèle à l’école. Bien sur, professionnel est un rêve mais les chances de le devenir sont infimes et les déceptions grandes. Suivre une bonne scolarité permet de ne pas se retrouver sans rien en cas d’échec sportif.
Un bon entourage est primordial. Ne pas se décourager en cas d’échec. Moi aussi avant d’être professionnel, j’ai pris des raclées sur certaines compétitions. Cela permet de revenir plus fort le dimanche d’après. Il y a des hauts et des bas.
Nutri-cycles : Prends-tu plus de plaisir sur le vélo ?
Il est clair qu’avec l’expérience et les titres, je n’ai plus à faire des preuves. Je profite donc au mieux du cyclisme. Cette année avec le maillot tricolore, j’ai pris beaucoup plus de plaisir qu’en 2002 lorsque je devenais Champion de France pour la première fois. J’ai grandi. En 2002, j’étais projeté au premier rang, sous les lumières, j’étais jeune, tout m’arrivait vite. Je prenais mais sans faire attention et profiter. Cette année a une autre saveur, j’en profite…
31 ans, penses-tu à ta fin de carrière ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour. J’ai signé avec Agritubel pour 2009 et 2010. Pour l’instant j’ai la chance de marcher, donc j’avance et je continue. J’aimerais même continuer au moins jusqu'à 35 ans si les jambes, les résultats et l’envie sont encore là.
>> Le site internet de Nicolas Vogondy
>> Le site internet de l'équipe Agritubel
>> Le site de Guillaume Lacroix Photographe