Test et analyse du vélo de route Lapierre Xelius DRS 9.0

Le Xelius change de braquet : l’alliance de deux ADN

Le Lapierre Xelius DRS 2025 n’est pas qu’une nouvelle version : c’est une réinvention stratégique. Pour la première fois, Lapierre fusionne deux de ses lignes emblématiques : la légèreté et la réactivité du Xelius SL, et l’aérodynamisme ciselé de l’Aircode DRS.

Le résultat ? Un vélo de course moderne, à l’aise partout, prêt à affronter les profils les plus variés, des étapes de montagne aux classiques roulantes.

Cette approche hybride est le fruit de plusieurs années d’études CFD, de retour terrain des coureurs pros et d’analyses en soufflerie. Une évolution pensée pour la performance totale.

Pour une bonne compréhension des termes utilisés, vous pouvez vous reporter à notre dossier : Les composants d'un vélo de route

Une icône transformée : 15 ans d'évolution Xelius

Depuis 2010, le Xelius incarne la polyvalence. D’abord centré sur la montagne, il s’est affiné au fil des générations (EFI, SL1, SL2, SL3) pour intégrer confort et rigidité latérale. Avec le DRS, Lapierre franchit une nouvelle étape.

Visuellement, la signature 3D Tubular reste, mais le cadre a été entièrement revu :

• géométrie optimisée,
• profils de tubes plus tranchants,
• nouveaux lay-ups carbone.

Le Xelius DRS remplace à la fois l’ancien Xelius SL3 et l’Aircode DRS.

Il n’y a plus deux modèles, mais un seul : plus complet, plus rapide, plus intelligent.

L’aérodynamisme au centre du projet

Lapierre ne s’en cache pas : c’est leur vélo le plus aérodynamique jamais conçu. Grâce à la simulation CFD et aux essais en soufflerie, chaque zone du cadre a été analysée, modifiée, optimisée.

Les profils Kamm-tail/NACA font leur apparition, ainsi que des sections elliptiques sur le tube diagonal, la tige de selle et les haubans.

Résultat théorique annoncé :

• 15 % plus aéro que l’Aircode DRS
• 14 watts économisés à 50 km/h vs SL3
• 5 watts de gain à 35 km/h (soit 10 secondes sur 10 km)

L’aérodynamisme est ressenti immédiatement sur route : plus de vitesse avec moins d’effort. Un avantage décisif, notamment sur les longues distances et les portions exposées au vent.

3D Tubular : un style et une efficacité uniques

Le 3D Tubular est plus qu’un design : c’est une solution technique. En désolidarisant les haubans du tube de selle, Lapierre permet à celui-ci de fléchir sur toute sa longueur.

Cela se traduit par un confort vertical remarquable, surtout avec une tige de selle au profil D-Shape.

Dans le même temps, la zone arrière conserve une excellente rigidité latérale pour assurer le transfert de puissance. C’est ce savant équilibre qui donne au Xelius DRS cette sensation de dynamisme sans raideur excessive.

Poids : une stratégie assumée

Avec des tubes plus massifs et plus aéro, on aurait pu craindre une prise de poids. Pourtant, le cadre UD SLI Team s’affiche à 790 g, et la version standard à 908 g. Le Xelius DRS reste donc l’un des vélos les plus légers de sa catégorie. Et surtout, les gains aérodynamiques compensent largement les grammes supplémentaires.

Lapierre introduit ici la notion de "tipping point" : jusqu’à 10 % de pente, un vélo plus aéro reste plus rapide, même s’il est un peu plus lourd. Un raisonnement soutenu par des données précises, et confirmé sur le terrain.

Deux niveaux de carbone pour deux profils de coureurs

Lapierre propose deux types de lay-up pour son Xelius DRS :

• UD SLI Team : construction haut module (M40J, YS60), poids plume, rigidité accrue, destiné aux coureurs pros et compétiteurs exigeants.
• UD SLI : fibres intermédiaires T800 majoritaires, associées à du T700S pour le confort, idéal pour les cyclosportifs et les élites amateurs.

La différence de comportement est subtile, mais bien réelle. La version Team est plus nerveuse, plus sèche, plus incisive.

Ces différenciations sont top car cela permet d’avoir des vélos aux tarifs moins élevés qui ont le même ADN, la même géométrie pour un prix plus contenu.

Notez que bien souvent une plateforme (comprenez un cadre) qui possède la fibre plus haut de gamme possède un meilleur rendement, est plus léger et souvent un peu plus confortable/tolérante.

En effet le tressage plus fin de haute qualité filtre bien souvent mieux les vibrations contrairement à ce qu’on pourrait penser. Ainsi il y a fort à parier que les versions équipées UD SLI Team offriront une meilleure filtration des vibrations.

Confort et polyvalence : un vélo pour aller loin, vite

Compatible avec des pneus jusqu’à 32 mm, le Xelius DRS est aussi à l’aise sur l’asphalte lisse que sur les routes cabossées. Son confort vertical, sa géométrie équilibrée et son comportement neutre en font un excellent choix pour les sorties longues ou les cyclosportives de haute montagne.

Il peut encaisser les kilomètres sans fatiguer son pilote, tout en restant capable de s’embraser à la moindre relance.

Intégration et composants de haut vol

Chaque composant a été repensé pour accompagner les performances du cadre :

• Nouveau cintre combo carbone (37 à 41 cm) avec 5° de flare
• Potence -10° avec passage semi-intégré des câbles
• Tige de selle D-Shape en carbone, 128 grammes
• Nouveaux axes traversants à centrage automatique

Le montage est soigné, et les versions haut de gamme sont dotées de roues DT Swiss ERC 1100 ou 1400, profil différencié AV/AR. L’intégration n’est pas totale, mais elle reste très propre et permet un entretien simplifié.

Nouveau cintre combo carbone Lapierre : ergonomie, aérodynamisme et intégration

Avec le Xelius DRS MY25, Lapierre introduit un nouveau cintre combo carbone monobloc, pensé pour conjuguer performance aérodynamique, ergonomie moderne et intégration optimisée.

Principales caractéristiques techniques :

• Largeurs disponibles : 37 / 39 / 41 cm (mesurées axe à axe en haut de cintre)
• Flare : 5° vers l’extérieur pour une meilleure stabilité en descente et un meilleur contrôle en appui
• Drop : 125 mm – pour une prise basse naturelle, sans excès
• Reach : 72 mm – accès rapide aux leviers
• Angle de potence intégré : -10°, favorisant une position aérodynamique agressive
• Poids annoncé : 325 g en 39/100 mm – un excellent compromis rigidité/légèreté
• Passage de câbles semi-intégré, pour faciliter le montage et la maintenance, tout en assurant une ligne épurée

Ce nouveau cintre illustre l’attention portée par Lapierre aux détails qui comptent à haut niveau. Avec des dimensions adaptées aux morphologies actuelles, un flare discret mais efficace et une géométrie compacte bien pensée, il favorise l’engagement en descente et la stabilité à haute vitesse sans compromettre la posture aéro.

L’angle de potence intégré à -10° accentue la position racing, particulièrement appréciée en compétition ou lors de longues relances. Le passage de câblerie semi-intégré, bien que moins extrême que les solutions full intégrées, facilite l’entretien et les éventuels réglages sans trop sacrifier l'esthétique ni l’aérodynamisme.

Le seul regret intervient sur le support de compteur qui est simplement vissé sous le cintre Cela fait le job, c'est fonctionnel et robuste Mais certaines marques offrent un support vissé directement à l'avant du cintre, ce qui est bien plus esthétique.

Géométrie race et comportement millimétré

La géométrie est calquée sur celle du SL3 :

• Bases de 405 mm
• Angle de selle redressé
• Reach allongé

Elle favorise l’attaque, la relance, et offre un excellent équilibre entre agilité et stabilité. Lapierre introduit une sixième taille (XXL), répondant à une vraie demande des cyclistes de plus de 1m95.

Gamme et prix : du Shimano 105 au Dura-Ace Di2

Avec 9 modèles complets et 3 kits cadre, Lapierre couvre l’ensemble des besoins.

8 vélos sur 9 sont en transmission électronique (Shimano Di2 ou SRAM AXS), avec une logique de rapport qualité/prix très agressive. Le modèle 10.0 (Dura-Ace Di2, roues ERC 1100) est affiché à environ 10 000 €, soit 3 à 4 000 € de moins que les modèles équivalents chez la concurrence.

Les modèles intermédiaires (7.0, 8.0) affichent un équipement haut de gamme à des tarifs encore plus compétitifs.

Au niveau équipement, Lapierre fait fort. Le seul regret vient du fait de ne pas fournir un Capteur de puissance sur les versions milieu de gamme. Certes le prix serait plus haut, mais c'est une lacune pour la cible coursiers de ce vélo.

Un comportement incisif et inspirant

Dès les premiers mètres, le Xelius DRS impressionne par sa vivacité. La réactivité du cadre saute aux yeux : chaque coup de pédale est instantanément converti en mouvement. Le vélo se montre joueur, incisif, presque nerveux, mais jamais brutal.

Il donne cette sensation grisante d’un vélo prêt à bondir à la moindre relance. Les bases courtes couplées à un reach allongé offrent un savant équilibre entre dynamisme et stabilité. Résultat : un comportement vif sans jamais devenir instable.

Dans les descentes rapides, c’est le train avant qui vole la vedette. D’une précision chirurgicale, il permet de placer le vélo avec aisance, même à haute vitesse. Le pilotage devient instinctif, fluide, avec un sentiment de sécurité qui donne envie de lâcher les freins. Le vélo encaisse sans broncher, tout en gardant un comportement lisible et prévisible.

Les versions haut de gamme comme la notre sont dotées de roues carbone DT Swiss ERC 1100 ou 1400, un choix cohérent pour un cadre aussi performant. Ces roues se distinguent par un profil différencié entre l’avant et l’arrière, pensé pour maximiser à la fois la pénétration aérodynamique et la maniabilité.

À l’avant, le profil est plus bas (35 ERC), ce qui favorise la stabilité dans le vent latéral et améliore le contrôle du vélo dans les passages techniques.

À l’arrière, en revanche, la jante adopte un profil plus haut (45 ERC), optimisant la traînée aérodynamique et favorisant la vitesse pure.

Ce montage asymétrique permet de conserver une excellente maniabilité sans compromettre la performance sur le plat ou en descente rapide. Le comportement global gagne en cohérence : le vélo reste vif et précis à l’avant, tout en capitalisant sur l’inertie et la rigidité de la roue arrière pour maintenir la vitesse.

En montée, le Xelius DRS conserve la même qualité de réponse. Il réagit au quart de tour, que ce soit en cadence ou sur un braquet plus musclé. En danseuse, le cadre reste parfaitement aligné, rigide sans être raide, ce qui permet de conserver toute l’efficacité du pédalage, même lors de longues ascensions.

Ce comportement homogène, aussi bien en côte qu’en descente, est une excellente surprise.

Au final, ce Xelius DRS rivalise sans complexe avec les modèles les plus haut de gamme du marché. Il se positionne clairement comme une alternative sérieuse aux références italiennes et allemandes du segment performance.

Léger, nerveux, stable et rassurant, il coche toutes les cases du vélo de compétition… sans pour autant sacrifier le plaisir de pilotage.

Shimano Dura-Ace Di2 : l’excellence électronique… mais perfectible côté braquets

Le Xelius DRS 9.0 et 10.0 s’appuie sur le meilleur du savoir-faire Shimano avec le groupe Dura-Ace Di2 12 vitesses, un standard de fiabilité et de fluidité en compétition.

Les passages de vitesses sont instantanés, précis et silencieux, même sous forte contrainte ou en pleine relance. Le freinage est progressif et puissant. Un régal.

L’ergonomie des leviers, revue récemment, offre une prise en main naturelle, avec un feedback tactile rassurant qui fait la différence lors d’efforts intenses ou sur parcours techniques.

La souplesse de fonctionnement est telle qu'on en oublie presque la mécanique. Chaque composant – dérailleurs, shifters, transmission – respire l’efficacité chirurgicale propre à Shimano. C’est du haut niveau sans compromis.

Mais dans un cadre aussi affûté et destiné à la compétition pure, certains choix mériteraient réflexion. Le braquet proposé (52-36 / 11-34) peut se montrer un peu juste en haute montagne, notamment pour les coursiers moins puissants.

Un montage 50-34 pourrait apporter un peu plus de confort sur les ascensions longues et raides sans pénaliser la polyvalence. Bien que cela reste toujours une solution discutable pour le ratio coursier/cyclosportif, une histoire de compromis. Ce que nous gagnerons en montagne sera perdu en plaine sur les hautes vitesses.

De mon propre point de vue, et il n’engage que moi, puisqu’évoluant beaucoup en moyenne montagne, je trouve les plages de braquets SRAM AXS plus adaptées aux différents reliefs de la moyenne montagne.

Autre point : l’absence de capteur de puissance, surprenante sur un vélo clairement orienté performance. Certes, cela permet de contenir le tarif, mais à ce niveau de gamme, bon nombre de concurrents (Canyon, BMC, Specialized) intègrent désormais un Powermeter dès les versions hautes.

Pour les compétiteurs et les amateurs éclairés, c’est un outil devenu indispensable à l’entraînement comme en course.

Un vélo pour les passionnés exigeants

Le Xelius DRS équipera en 2025 le Team DSM, preuve de sa vocation World Tour. Mais il s’adresse aussi aux passionnés exigeants, qui recherchent un vélo capable d’exceller dans toutes les situations.

C’est un vélo racé, rapide, moderne, qui ne sacrifie rien à la polyvalence. Il répond à la fois à une demande de rendement pur et à une exigence de confort, le tout dans un design affûté.

Verdict : le Xelius le plus complet jamais conçu

Le Xelius DRS 2025 n’est pas une simple évolution : c’est un nouveau départ. Il condense le meilleur des deux mondes – légèreté et aérodynamisme – pour offrir un vélo total.

Son comportement dynamique, son efficacité aéro, sa polyvalence et sa finition en font un modèle incontournable pour les compétiteurs comme pour les passionnés. Un vélo de route haute performance, pensé pour les cyclistes complets.